Structure oh ma structure ...

Excellent ! Un rendez-vous ce matin et hop ! le devis est déposé !

Trop contente !

Et j'ai été claire : "la prochaine étape, cher client adoré, c'est : "vous signez le devis, et je me mets à travailler !"

Trop contente !

Bon, je ne sais absolument pas faire ce que j'ai proposé, mais ça c'est absolument pas vu, et de toutes les façons, le client ne sait absolument pas de quoi il a besoin !

I love this (pas si) job !

Voilà, la proposition vient de partir chez le client. Enfin, la cliente. Enfin la prospecte.

Parce que vous pensiez que les clients venaient naturellement, comme ça ? J'attends à mon bureau et Ding Dong, la porte s'ouvre, bonjour Madame, asseyez vous pour faire le chèque, je vous sers un café en attendant ?

Pas du tout !

Enfin, pas encore ...

Il faut avoir le rendez-vous, le préparer pour savoir globalement de quoi on va parler, poser des questions, faire parler le client, lui poser une ou deux questions perso, essayer de comprendre ce qu'il veut et lui dire qu'il recevra la proposition dans quelques jours.

Et là, toute (pas si) jeune créatrice d'entreprise qu'on est, c'est l'angoisse !

Mais je mets quoi dans la proposition ? Mais je demande combien ? Et puis, est-ce que j'ai vraiment envie de le faire ? (bon, ça, on évite de se le poser, parce qu'en général, on a moyen envie ...)

Bref, là c'est fait, assez rapidement en fait, et si je réfléchis bien, j'ai bien envie de la faire, cette mission. Je ne peux pas en parler tant que c'est pas signé, vous comprenez ... Mais maintenant, j'attends et j'espère.

Normalement, ça devrait aller : je sais exactement faire ce que la cliente me demande !

Du coup, c'est inquiétant : le mail est parti à 9h05, il est déjà 9h20 et je n'ai toujours pas de réponse ...

PS : Quoiqu'il arrive, merci à Annick - une autre (pas si) jeune créatrice d'entreprise pour le contact !

Quand j'étais salariée, je faisais des nocturnes.

Genre votre boss qui vient vous voir vers 18h30, qui pose ses fesses sur votre bureau (berk... en plus faut faire de la place...) et qui commence à papoter sur la vie, l'amour, les vaches... Enfin plutôt sur le produit, les sous, les marges.

En général, vous dites oui oui oui à tout, pour que ça prenne le moins de temps possible. L'heure tourne et les copines qui attendent à l'apéro ! Vous n'écoutez que d'une oreille et envoyez un texto discret pour dire "m'attendez pas, suis prise en otage ! ". Et les bonnes idées du boss qui tombent : "Vous notez ? ". Ah, non, là je notais pas. On est en réunion en fait ? Et les collègues qui partent les uns après les autres et qui viennent dire "A demain ! " en espérant qu'on ne leur demandera pas leur avis, juste là maintenant ... Enfin il se lève ! Génial, il va partir, et donc moi aussi ! Trop contente !

Et là :

"Vous pensez pouvoir me faire une recommandation là dessus, voir comment ça pourrait se mettre en place ? ".

Bien sûr ! Je peux tout faire du moment qu'il me laisse partir !

"Pour demain ? "

Pardon ?

"Matin ? j'ai une réunion à 10 heures, j'en parlerai ..."

Glups et super glups !

"Merci ! Bon ben bonne soirée !"

Et là commence la nocturne. Premier appel aux copines pour prévenir, deuxième appel à Pizza Hut pour une Hawaïenne, tour rapide des bureaux pour voir qui reste et qui pourrait vous aider, et super déprime.

Moi qui pensais que les nocturnes c'était fini quand on était (pas si) jeune créateur d'entreprise ! Ben pas du tout. Parce qu'en fait, parfois, on doit travailler avec des experts qui eux, ne sont pas (pas si) jeunes créateurs d'entreprise. Ca veut dire qu'ils travaillent (pour de vrai) dans la journée !!! Et du coup, impossible de se voir sauf le soir.

Donc cette semaine, nocturne aux sushis pour avancer sur un dossier. Et oui ... clients obligent !

Mais finalement, les nocturnes, c'est beaucoup plus sympa quand on est (pas si) jeune créateur d'entreprise. Parce que maintenant, personne ne pose plus jamais les fesses sur votre bureau ! Personne !

Loin de moi l'idée de critiquer les clients.

Moi même j'ai été cliente pendant de nombreuses années.

Un client qui hésite à acheter votre prestation sous pretexte qu'il sait faire la majeure partie de la mission, c'est normal.

Mais un client qui hésite à acheter votre prestation sous pretexte qu'il sait faire la majeure partie de la mission et qui à la question : "Qui sont vos concurrents aujourd'hui ?", me répond qu'il ne sait pas vraiment, franchement, c'est pas normal.

Il faudrait un médecin-marketeur (le plus beau, le mieux !), qui ferait en blouse blanche un diagnostic des clients, et qui annoncerait en enlevant ses lunettes : " Oui, c'est grave, bien sûr, mais vous pouvez guérir. Seulement il va falloir changer d'hygiène marketing. Finies les décisions prises tout seul. On analyse et on réfléchit maintenant ! A partir de ce soir, on investit dans le conseil. Tenez, voilà une ordonnance-marketing : prenez un peu de Qui d'autre ? chaque mois. Et soyez généreux : ça vaut la peine".

En attendant, me voilà à refaire une nouvelle propale.

Je suis dans une situation très paradoxale.

Il est possible que ça arrive à tous les (pas si) jeunes créateurs d'entreprise, mais malgré tout, je m'interroge.

Je n'ai pas envie d'envoyer mes factures.

Bien sûr, au début, ça m'amusait. La date, le montant. Et en plus la TVA pour que ça fasse encore plus gros. Franchement, c'était top. Et puis aussi l'idée que ça allait arriver sur mon compte, j'aimais bien.

Mais là, ce soir, j'ai pas envie.

Retrouver les heures faites, le montant, la bonne date. Changer le numéro de la facture à chaque fois en s'assurant que j'ai pas mis deux fois le même numéro, calculer la TVA alors que j'aime pas ça, et puis faire un petit mot gentil au client en lui envoyant la facture ...

"Payez-moi !"

Pas assez gentil comme petit mot ?

"maintenant !"

C'est mieux, là ?

Et puis vérifier qu'elles sont bien toutes payées, parce que certains envoient des chèques, d'autres font des virements.

Bref, j'ai pas envie de le faire. Pas ce soir.

Et c'est paradoxal, puisque si je suis devenue (pas si) jeune créateur d'entreprise, c'est pour faire des factures.

J'ai peur de m'être (pas si) trompée de voie.